La révolution numérique du livre qui vient
Après avoir connu deux révolutions majeures dans son histoire, avec l'apparition du papier puis de l'imprimerie, le livre s'apprête à en vivre une troisième d'ampleur inédite avec le numérique.
L’accès au contenu des livres sur Internet, comme ce fut le cas pour la musique avec le streaming, a vocation a être entièrement libéré tôt ou tard. Il l’est déjà d’une certaine manière, pour des millions d’initiés, sur des sites comme Z-Library, une “bibliothèque fantôme” (shadow library) dont la justice américaine a ordonné la fermeture, mais qui reste accessible anonymement sur le réseau Tor1, via le navigateur du même nom2. Z-Library vient même de lancer une appli de son service de bibliothèque ouverte, qui permet d’accéder à plus de 14 millions de livres dans des formats ebook (EPUB, MOBI, PDF, DJVU…)3.
Bien sûr, rien ne remplacera jamais la saveur du papier, ou le plaisir de tenir un vrai livre entre ses mains et d’en tourner les pages. Inventé par les chinois au IIème siècle - il n’apparaitra en Europe qu’au tout début du XIVème -, le papier se substitua progressivement au papyrus égyptien et au parchemin européen, bien plus fragiles et difficiles à manipuler. Il constitua en lui-même une révolution, favorisant une bien plus large diffusion du livre et par là-même du savoir, des connaissances et des idées.
L’autre grande révolution du livre fut celle de l’imprimerie, apparue en Europe au XVième siècle4, qui a complètement démocratisé sa diffusion, au rythme où se généralisait l’apprentissage de la lecture - jusqu’à aboutir, dans la seconde moitié du XXème siècle, au concept de “livre de poche”. Mais on ne peux pas glisser 1000 livres en papier dans sa poche, ou en collectionner plusieurs milliers dans sa bibliothèque personnelle, sinon à grand frais ; de même qu’on ne pouvait pas trimbaler 1000 chansons avec soi il y a plus de vingt ans.
Le précédent de la musique
“1000 chansons dans la poche”, ce fut le slogan choisi par feu Steve Jobs, co-fondateur d’Apple, pour personnifier le nouveau baladeur iPod de la firme5. Vingt ans plus tard, ce sont plusieurs dizaines de millions de titres de musique qui peuvent être écoutés à volonté sur les plateformes de streaming. Grâce à la couverture des réseaux cellulaires, un simple smartphone permet en quelque sorte de les emporter avec soi, puisqu’on peut y accéder everytime, everywhere.
Entre temps, le forfait mensuel, payé en échange d’un accès illimité et sans fil aux catalogues de musique, s’est substitué à l’achat à l’acte d’un produit physique - cassette, CD ou vinyl. Le téléchargement payant de musique, qui a perpétué quelque temps l’achat à l’acte dans l’environnement numérique, n’a été qu’un canal de vente transitoire. Il a connu son pic en 2012, et n’avait pesé tout au plus, à ce moment là, qu’un tiers des revenus de la musique enregistrée dans le monde.
Ce changement de modèle économique ne donne pas totalement satisfaction. En témoignent les nombreux débats qui font rage sur la répartition des revenus que la musique tire de l’abonnement, captés à 90 % par 1 % des artistes6. Reste qu’il s’est imposé, et a même permis à l’industrie phonographique dans sa globalité, en l’espace d’une dizaine d’années, de sortir de la crise du disque et de renouer avec la croissance. Les plateformes de streaming ne sont toujours pas rentables (à l’exception notable de Tencent Music en Chine), mais leur chiffre d’affaires (et ce qu’elles rapportent à la musique) a été multiplié par vingt en dix ans.
Le streaming représente désormais 67 % des revenus de la musique enregistrée à l’échelle mondiale, et l’abonnement près de la moitié à lui seul (48,3 %). Ses revenus publicitaires (18,7 % du marché de gros) sont désormais supérieurs à ceux des ventes physiques (17,5 %). Si l’on inclut le marché résiduel du téléchargement (3,6 % des ventes de gros), l’achat à l’acte ne pèse plus qu’un cinquième des ventes de musique dans le monde.
Les spécificités du livre
Le livre peut-il vivre la même révolution ? Sa numérisation, avec l’avénement du ebook (livre électronique) et de l’audiobook (livre audio), n’a pas eu jusque là le même impact. En France, les ventes numériques de livres, en hausse de 4,4 % sur un an, n’ont encore pesé que 10,32 % de ventes globales en 2022, selon les chiffres du SNE (Syndicat national de l’édition), soit un dixième des 3,4 milliards d’euros qu’ont rapporté les ventes globales de livres la même année. Ces dernières étaient en recul de 5,4 % sur un an, mais avaient enregistré une hausse spectaculaire en 2021. Par rapport à 2019, année de référence pré-pandémique, leur croissance a été de 3,7 % en valeur, et de 3,1 % en volume.
Le marché du livre ne semble donc pas avoir été affecté aussi durement que celui de la musique enregistrée par le développement d’Internet. Il n’est pas à proprement parler en crise, en France comme au niveau mondial7. Selon l’OMPI (Office mondial de la propriété intellectuelle), qui rend compte des données disponibles pour 23 pays, il a pesé 71,6 milliards de dollars en 2021, soit près de trois fois ce que pèse le marché de la musique enregistrée, et a connu des taux de croissance à deux chiffres dans de nombreux pays : de 15,3 % au Portugal ; 13,6 % aux Etats-Unis ; 12,5 % en France ; 12,2 % en Italie ; 11,7 % aux Pays-Bas ; 10,8 % en Turquie8.
Les plus gros vendeurs de livres sont les États-Unis, qui pèsent 37,4 % du marché mondial (26,8 milliards d'USD), suivis par l'Allemagne (11,4 milliards d'USD), le Japon (11,3 milliards d'USD), le Royaume-Uni (5,4 milliards d'USD) et l'Italie (4,1 milliards d'USD). Mais il faut distinguer deux marchés du livre : celui de la vente commerciale au grand public d’une part, dit B2C (business to consumers) ; et celui de l’éducation (édition scolaire, professionnelle et universitaire) d’autre part, qui est plutôt B2B (business to business).
“Les recettes du secteur commercial représentaient 50 % ou plus des recettes totales dans 13 des 19 pays pour lesquels des données par secteur sont disponibles”, indique l’OMPI. Mais cette segmentation du marché est très variable d’un pays à l’autre. La part des ventes au grand public a été de plus de 50 % en Norvège, et a atteint 94 % en Hongrie. A contrario, “les recettes du secteur de l'éducation représentaient plus des trois cinquièmes des recettes totales au Brésil (64 %), aux Pays-Bas (63 %) et au Mexique (75 %)”. En France, près de 75 % des ventes de livres se font au grand public, soit 2,5 des 3,4 milliards d’euros que pèse le marché. Aux Etats-Unis, cette proportion est de 70 %.
Le marché numérique du livre
La part des formats numériques dans les ventes (ebooks et audiobooks) peut elle aussi être très variable d’un pays à l’autre : de 3 % au Brésil, elle a été de 38 % au Japon en 2021. “Les formats numériques ont généré environ un tiers du revenu total en Finlande (33,2 %), au Japon (37,8 %) et en Suède (32,9 %)”, précise l’OMPI. En France, au sein du segment professionnel et universitaire, les ventes numériques représentent 46 % des ventes totales des éditeurs, “du fait notamment de la prédominance des bases de données à destination des publics professionnels en droit et en médecine”, indique le SNE dans son dernier rapport annuel9. Mais elles ne représentent que 5,5% des ventes des éditeurs en littérature.
“Le poids de l’édition professionnelle est prépondérant au sein du marché du livre numérique et représente 68% du total des ventes en valeur”, relate le SNE. Le chiffre d’affaires des ventes de livres numériques de littérature n’a quant à lui représenté que 11,5 % du total des ventes numériques. Hors littérature, l’édition numérique grand public, qui est dominée par le livre pratique (développement personnel, jardinerie, bricolage, etc.), a pesé 6,5 % du total des ventes numériques. Le livre audio, marché à peine émergent en France, reste à ce stade absent des statistiques du SNE.
“Depuis plusieurs années, le SNE interroge les éditeurs sur leur activité de ventes de livres audio. Cependant, le nombre très faible de répondants (moins d’une douzaine) et l’absence de certains acteurs majeurs du marché dans l’échantillon ne permettent pas de publier les données”, indique le syndicat. L’usage de ce nouveau format est pourtant en plein essor et la concurrence s’intensifie. En 2021, ce marché a représenté 5,36 milliards de dollars à l'échelle mondiale, selon la firme Grand View Research10, et devrait connaître un taux de croissance annuel moyen de 26 % entre 2023 et 2030. Ainsi pourrait-il peser 15 milliards de dollars dès 2027.
Le téléchargement (achat à l’acte) domine jusque là le marché de l’audiobook et a représenté plus de 54 % de ses revenus en 2022. Mais c’est le segment de l’abonnement qui devrait connaître la croissance la plus soutenue sur la période 2023 - 2030, grâce au développement d’une offre d’écoute de livres audio en streaming à la demande11. L'Amérique du Nord a dominé le marché des livres audio en 2022 et représenté plus de 45 % de ses revenus. Le Moyen-Orient et l'Afrique sont les régions qui devraient connaître la croissance la plus rapide (+ de 30 % par an en moyenne) d’ici à 2030.
Toujours selon Grand View Research, le marché mondial du livre audio devrait peser près de 7 milliards de dollars en 2023, et 35 milliards de dollars en 2030. Le cabinet américain Mordor Intelligence évalue quant à lui celui du ebook à 16,47 milliards de dollars en 2023, et projette qu’il atteindra 20,74 milliards de dollars en 2028, après avoir connu un taux de croissance annuel moyen de près de 5 % dans l’intervalle12.
Le “moment Napster” du livre
Ni le e-book ni l’audiobook, cependant, ne vont encore au bout des bouleversements que la révolution numérique du livre est susceptible de provoquer. Au contraire du “disque de musique” (expression devenue surannée aujourd’hui), le livre n’a en effet toujours pas connu son “moment Napster”. Cette expression fait référence au logiciel peer-to-peer Napster, apparu en 1999, qui permit soudain aux internautes d’échanger massivement des millions de fichiers de musique entre eux sur Internet, hors de tout contrôle et au grand dam de leurs ayants droit respectifs (maisons de disques, sociétés d’auteurs, éditeurs, artistes).
En favorisant le développement du téléchargement illégal de musique à grande échelle, Napster a déclenché un véritable tsunami numérique, entrainant une chute abrupte des ventes de disques13, et plongeant l’industrie de la musique enregistrée dans la plus grave crise de son histoire. Elle n’a commencé à s’en relever qu’une quinzaine d’années plus tard14, au terme d’un bouleversement en profondeur de son modèle économique. Le livre pourrait connaître les mêmes affres avec l’émergence d’immenses bibliothèques de ebooks en accès libre comme Z-Library15.
Lancé en 2009 et actuellement administré par deux ressortissants russes, Anton Napolsky et Valeriia Ermakova, originaires de Saint Pétesboureg et agés respectivement de 33 et 27 ans, Z-Library est crédité de 170 millions d’utilisateurs mensuels dans plus de 165 pays. Le site, qui indexe plusieurs centaines de téraoctets de livres, articles et magazines dans de nombreuses langues dont l'anglais, le français, l'espagnol, le russe, le chinois, le japonais, l'allemand ou l'italien - et dont les serveurs se situent en Finlande, en Allemagne, au Luxembourg, en Malaisie, au Panama, en Russie et aux États-Unis -, permet d’accéder à la plus grande bibliothèque virtuelle au monde.
Poursuivis aux Etats-Unis pour infraction pénale au droit d'auteur, fraude électronique et blanchiment d'argent16, ses deux adminitrateurs, qui sont bénévoles, ont été arrétés et incarcérés en Argentine il y a un an lors d’un séjour d’agrément, suite à l’émisssion d’un mandat d’arrêt international par le FBI17. Anton Napolsky et Valeriia Ermakova sont sous le coup d’une demande d’extradition et en attente de son jugement. Le jour de leur arrestation, le FBI a annoncé la saisie de près de 250 noms de domaine permettant de se connecter à Z-Library sur le Web18.
Au nom du partage de la connaisssance
Même si le site reste accessible via les réseaux cryptés Tor et I2P19, le blocage de ses noms de domaines a pris de court des millions de ses utilisateurs dans le monde pour lesquels il constituait une ressource indispensable - étudiants, universitaires ou chercheurs peu familiarisés avec le darknet et inaptes à se prémunir des risques qu’il fait encourir aux internautes peu avertis.
“La plupart des universités indiennes ne disposent pas de ressources institutionnelles solides en comparaison de ce que l'on peut trouver dans des pays développés comme le Royaume-Uni ou les États-Unis. Le seul recours dont disposent de nombreux universitaires des pays du sud est de se tourner vers des plateformes telles que Library Genesis ou Z-library pour obtenir de la littérature savante, en plus de pouvoir lire des revues en libre accès sur Internet", relatait une étudiante d’origine indienne, suite à une précédente saisie de plusieurs noms de domaine du site par le FBI20.
Comme de nombreux autres étudiants des pays du sud, elle n'aurait pas pu suivre des études supérieures si elle n'avait pas eu accès à Z-library, confie t-elle, et vit sa fermeture comme une discrimination. Même dans les pays développés, “il existe de nombreux livres à tirage limité et certains d'entre eux sont non seulement chers, mais également peu disponibles à la vente”, fait valoir de son côté une étudiante américaine. La fermeture de Z-Library aurait compromis sa capacité à terminer sa thèse, affirme t-elle : "L'un des principaux ouvrages que j'ai utilisé est difficile à trouver. Mais c'est le genre de livre que l'on trouve facilement sur Z-library”.
Les administrateurs du site jouent sur cette corde sensible : “Nous pensons que les connaissances et le patrimoine culturel de l'humanité devraient être accessibles à toutes les personnes dans le monde, indépendamment de leur richesse, de leur statut social, de leur nationalité, de leur citoyenneté, etc. C'est la seule raison d'être de Z-Library”, ont-ils expliqué dans un communiqué publié à l’issue des actions menées contre le site en novembre 202221. Z-Library est une organisation non lucrative; qui se finance sur les donations de ses utilisateurs, auprès desquels elle réalise deux levées de fonds participatives chaque année.
Du jukebox planétaire à la bibliothèque universelle
Une fois dématérialisé, le livre peut devenir le véhicule privilégié d’un partage encore plus large et ouvert que jamais du savoir, des idées et de la connaissance sur Internet. Tel qu’il se développe aujourd’hui, le marché du ebook vendu en téléchargement, avec ses protections contre la copie - qui interdisent à la fois son échange, sa revente et son prêt, et en freinent de fait la circulation, excluant la majorité de ses lecteurs potentiels -, a peu de chance de réaliser cette ambition. Comme Spotify pour la musique à la fin des années 2000, c’est Z-Library qui montre la voie que devrait emprunter le livre dans l’environnement numérique, ou que s’apprêtent à lui faire emprunter ses usagers.
Le livre vit la même période de transition que celle vécue par la musique dans les années 2000, avec l’essor du téléchargement payant de titres et d’albums protégés contre la copie, dont le marché fut largement dominé au niveau mondial par Apple avec son jukebox logiciel iTunes, sa boutique en ligne iTunes Music Store, et son baladeur iPod22. C’est ce qui lui a permis de passer non sans douleur du CD au streaming. L’avénement du Web 2.0, et l’apparition des premières plateformes de streaming qui en sont les rejetons directs, ont finalement conduit son industrie, dès la fin des années 2000, à libérer complètement l’accès à ses catalogues23, sur la base d’une exposition à la publicité ou du paiement d’un abonnement mensuel.
Le monde de la musique ouvrait ainsi la voie à la constitution de véritables jukebox planétaires, accessibles en tout lieu et à tout moment via un ordinateur, une tablette ou un téléphone mobile (avec plusieurs dizaines de millions de titres de musique proposés à l’écoute aujourd’hui), et à une transformation en profondeur de son modèle économique. Un virage qui allait également faire émerger une multitude de nouveaux usages, et augmenter significativement - grâce aux fonctions sociales et aux algorithmes de recommandation et de personnalisation massives des plateformes - l’expérience que le public a de la musique.
Tous les chemins du numérique conduisent le monde du livre à explorer des voies similaires : celles de la constitution de bibliothèques universelles ouvertes et accessibles à tous sur Internet, à l’image de Z-Library ; et de la conversion de centaines de millions d’étudiants, d’universitaires, de chercheurs, mais aussi de journalistes, d’écrivains, d’enseignants, de professionnels, d’amateurs de littérature, de curieux des sciences, de spécialistes, de personnes en quête d’instruction ou de connaissances, voire de lecteurs plus occasionnels, en abonnés dans le monde entier.
Big data et fonds de catalogue
De même que chaque fan de musique peu construire sa propre discothèque personnelle sur Spotify ou Deezer, le plus souvent sous forme de playlists, qui sont le nouveau format de la musique aujourd’hui - autour duquel s’articulent ses nouveaux modes d‘échange, de promotion et de consommation -, chaque lecteur devrait pouvoir constituer sa propre bibliothèque de ebooks sur Pdfdrive, LibGen ou Z-Library, composées de listes (playlists ?) de livres à lire (romans, essais politiques, ouvrages scientifiques, etc.), sélectionnés et classés en fonction de thématiques ou de centres d’intérêt.
Les interactions de centaines de millions de lecteurs avec leur bibliothèque personnelle (lire l’introduction d’un livre, le lire en entier, l’ajouter dans une de ses listes de livres à lire, etc.) sont susceptibles de générer au quotidien des montagnes de données permettant de dresser leur profil, et de nourrir les algorithmes de recommandation, de personnalisation et de contextualisation de masse qui ne manqueront pas d’être mis en oeuvre pour enrichir leur expérience, comme ce fut le cas pour la musique24.
La collecte de ces big data, dans le traitement desquelles s’invite de plus en plus l’intelligence artificielle, et qui ne va pas sans soulever des questions de souveraineté numérique25, a permis à l’industrie de la musique de mieux connaître son client final et de commencer à entretenir une relation directe et personnalisée avec lui, ce qui n’était pas possible au temps de la distribution physique. L’ouverture de l’accès aux catalogues a eu une autre vertu pour la musique, dont ne manquerait pas de bénéficier le livre : celle de l’exposition et de la monétisation à coût zéro de tous les fonds de catalogue, qui pèsent plus de la moitié de l’audience des plateformes de streaming musical aujourd’hui, et des revenus qu’elles génèrent.
C’est ce qui explique la ruée de nouveaux fonds et véhicules d’investissement vers les répertoires et catalogues de musique qui a eu lieu ces dernières années, et l’intérêt croissant du monde de la finance pour les droits musicaux, de plus en plus perçus comme une classe d'actifs non corrélée offrant des rendements attrayants26. Donner une nouvelle vie à des millions de livres qui ne sont pas réédités ou n’ont plus leur place dans les linéaires des librairies aurait probablement le même effet, celui d’une franche revalorisation du fond de catalogue des éditeurs.
Lire également :
Après avoir installé le navigateur Tor ou son extension sur votre navigateur habituel, rendez-vous à l’adresse suivante pour accéder à Z-Library : zlibr3ryuaif4zfq7o6aq5g5e2souj4uziffy35v6wqszdbojehmyp2qd. onion
Z-Library releases Tor-enabled desktop application to access the library's content, AlternativeTo, juin 2023
En 1438, Gutenberg et son associé impriment le premier livre, une bible illustrée. Dès lors, la circulation des idées sera de moins en moins réservée à des castes privilégiées.
En tout cas pour ce qui concerne le monde de l’édition en lui-même. Les libraires, en revanche, sont plus directement exposés, notamment à la concurrence de la vente par correspondance, dont Amazon est le leader incontesté. Voir à ce propos l’étude de Xerfi réalisée pour le compte du Syndicat de la librairie française (SLF) sur “La situation économique et financière des librairies indépendantes” (2011 - 2017), publiée en mai 2019.
The Global Publishing Industry in 2021, OMPI, October 2022
Audiobooks Market Size, Share & Trends Analysis, Grand View Research,
Ebook Market Size & Share Analysis - Growth Trends & Forecasts (2023 - 2028), Mordor Intelligence, 2018
La généralisation des graveurs de CD, qui furent systémaquement intégré à tous les ordinateurs personnels dès la fin des années 90, et permettaient de copier facilement les CD de musique du commerce, fut également un facteur important, et souvent négligé, de l’explosion du piratage de musique dans l’environnement numérique.
En données corrigées de l’inflation, le marché français de la musique enregistrée, qui a renoué avec une croissance soutenue à partir de 2016, grâce au développement de l’abonnement au streaming, reste inférieur de 48 % à son niveau le plus haut atteint en 2002 avec les ventes de CD, selon les chiffres du SNEP (Syndicat national des éditeurs phonographiques). Aux Etats-Unis, selon les données de la RIAA (Recording Industry Association of America), il est encore inférieur de 40 % à son niveau le plus haut de 1999.
D’autres bibliothèques de livres au format ebook en libre accès existent sur le Web, qui sont moins garnies et moins populaires que Z-Library, comme Pdfdrive, The Open Library, Overdrive, Library Genesis ou Project Gutenberg. Certaines n’indexent que des ouvrages déjà tombés dans le domaine public.
Z-Library a également fait l’objet de procédures judiciaires visant à obtenir le blocage de son accès par les opérateurs Internet dans d’autres pays, dont l’Inde et la France. (cf. Z-Library : le site spécialisé dans les livres piratés se fait bloquer en France, Numerama, 19 septembre 2022)
Two Russian Nationals Charged with Running Massive E-Book Piracy Website, communiqué de l’U.S. Attorney's Office, Eastern District of New York, 16 novembre 2022
Z-Library Domains Seized Again by FBI, Acer Corner, 6 juin 2023
Tor (The Onion Router) est un réseau informatique mondial décentralisé qui permet d'anonymiser l'origine de connexions TCP sur Internet. I2P (Invisible Internet Project) est une alternative à Tor que les applications peuvent utiliser pour échanger de façon anonyme et sécurisée des informations entre elles, la communication étant chiffrée de bout en bout.
Z-Library’s Closure Raises Tough Questions About Access, Inkstickmedia.com, 1er mai 2023
Avec l'analyse des métadonnées des chansons, de leur signal audio, des paroles et de données sémantiques collectées sur le Web et les réseaux sociaux pour le filtrage des contenus - à quoi s’ajoute l’analyse de millions de playlists générées par les utilisateurs pour la part de filtrage social -, celle des pétaoctests de big data comportementales accumulées par les plateformes de streaming musical dans leurs datacenters constitue l’un des piliers de leur système de recommandation et de personnalisation de masse - dont l’objectif principal est la fidélisation, l’augmentation du temps passé sur la plateforme et la satisfaction générale des utilisateurs.