Léo Margarit, discret batteur audois devenu rock star en Suède
Pour le limouxin Léo Margarit, batteur virtuose du groupe suédois Pain of Salvation depuis 13 ans, tous les chemins du "progressive metal" mènent à Stockholm.
Depuis treize ans, Léo Margarit, discret limouxin émigré en Suède, officie comme batteur du célèbre groupe de métal progressif suédois Pain of Salvation, dont le dernier album studio Panther est sorti en 2020.
Enfant de la baguette né en Pays Cathare, issu d’une lignée de figures musicales locales et initié à la batterie dès son plus jeune âge, il n’aurait jamais imaginé réaliser un tel rêve lorsqu’il n’hésitait pas, en fan invétéré de ce groupe phare de la scène métal, à prendre son baluchon pour aller le voir se produire au gré de ses passages en France, fut-ce à l’autre bout du pays.
Pourquoi pas moi ?
“Je me souviens même qu’en 2007, quelques mois avant que je rejoigne le groupe, un de mes amis avait gagné un billet avec accès backstage pour un concert à Paris. J’étais si jaloux. Je me disais : ‘Pourquoi pas moi ?’”, confie t-il sur la chaîne Youtube d’un autre batteur émérite, l’israélien Yogev Gagay, aussi accro que lui à la syncope et à la polyrythmie.
Conversation très technique du batteur israélien Yogev Gabay avec Léo Margarit, sur sa manière de jouer sur scène un des titres phares de Pain of Salvation, dans laquelle le limouxin évoque sa rencontre avec le groupe.
Peu après cette tournée française, Pain of Salvation annonce que son batteur Johan Langell va quitter le groupe, et que n’importe qui peut candidater pour le remplacer sur Internet. “Je me suis dit : ‘Pourquoi pas moi ?’, en songeant en même temps que c’était ridicule. Personne ne voudrait de moi dans un groupe, surtout en Suède. Mais pourquoi pas tenter ? J’ai juste envoyé mes démos et tout ce que j’avais d’autre : une ou deux vidéos, et une interview parue dans la presse”, raconte Léo Margarit.
Sa démarche va rester quelques temps sans réponse. Jusqu’à ce qu’il finisse par croiser les membres de Pain of Salvation en personne, à l’occasion du festival Hellfest, grande messe annuelle du métal où le groupe suédois est programmé, et où il se produit le jour-même avec le groupe toulousain Zubrovska, avec lequel il joue depuis deux ans.
Pass artiste
“J’avais un pass artiste qui me permettait de me promener bakstage. J’étais très timide mais je me suis dit : ‘Je vais aller leur parler et me présenter’. J’ai rencontré quelques membres du groupe juste avant le concert et Danny (Daniel Gildenlöw, leader et chanteur-guitariste de Pain of Salvation, ndr) m’a dit : ‘Je me souviens de toi. C'est toi qui m'as envoyé tous ces trucs jazz.’ […] J’étais très intimidé mais en même temps très heureux”, confie le jeune batteur d’origine audoise.
Depuis treize ans, Léo Margarit, discret limouxin émigré en Suède, officie comme batteur du célèbre groupe de métal progressif suédois Pain of Salvation.
Danny lui apprend qu’il figure en tête de liste des candidats retenus, mais le groupe cherche un batteur résidant en Suède, raison pour laquelle ils ne lui ont pas répondu. “Ça ne me dérange pas de bouger. Ce serait une grande opportunité pour moi de vous rejoindre”, fait-il savoir.
Quelques mois plus tard, il reçoit un e-mail de Daniel Gildenlöw l’invitant à se présenter à une audition. “J’ai sauté dans un avion et suis allé jouer quelques chansons avec eux”, se souvient-il. “Nous avons joué ce qui était prévu, à savoir "!", Nightmist, Handful of Nothing et un boeuf. Comme c'est allé assez vite, on a ensuite jammé sur Used, Beyond the Pale, Inside in Inside out... Apres ça, ils ont voulu tester ma tessiture de voix sur les choeurs de "!" et de Nightmist, et j'ai terminé par une petite impro en solo. Tout le groupe était là, y compris Johan Langell.”1
Un moment magique
L’audition se passe bien, mais Léo Margarit va encore devoir attendre quelques mois avant que le téléphone sonne. Cette fois-ci c’est la bonne. Danny est à l’autre bout du fil : “Si tu es encore intéressé, tu es le bienvenu”, lui dit-il. “J’ai chargé la batterie dans la voiture et j’ai roulé jusqu’en Suède, où je suis resté jusqu’à aujourd’hui”, raconte le jeune audois. Le 6 octobre 2007, lors du festival "Motstøy" à Notodden, en Norvège, Pain of Salvation annonce que Léo Margarit remplacera Johan Langell. Les deux batteurs se produisent sur scène lors du concert.
“C'était un moment magique ! Bien sûr j'avais très peur, mais tout s'est très bien passé ! J'ai commencé par jouer du tambourin sur America habillé en Dark Vador puis j'ai pris la batterie sur le solo de fin de Nighmist, ce qui m'a permis de me familiariser avec l'instrument et de me décontracter un peu ! On a ensuite joué This Heart of Mine et Handful of Nothing, et on a terminé le concert avec Johan à la batterie sur The Perfect Element, où j'ai joué des percus à la fin. J'ai regretté de ne pas être dans la salle pour voir le concert !”, confie le batteur français2.
Léo Margarit dans son studio faisant la démo de la partie batterie de Handful of Nothing, titre de Pain of Salvation joué lors de son audition, dans une vidéo postée sur sa chaîne Youtube.
Léo Margarit devient membre à part entière du groupe qu’il affectionnait tant, et qu’il va accompagner dans un virage plus 70’s et progressive rock. Il fait très vite ses preuves, sur scène comme en studio, auprès des autres membres comme des fans, et de la scène musicale suédoise, au sein de laquelle il multiplie les side-projects3. Ses talents de batteur polyvalent font mouche - il est rompu à tous les styles, du jazz au métal -, mais aussi ceux de vocaliste, critère déterminant chez Pain Of Salvation, dont les compositions ne sont pas avares de complexes harmonies vocales.
Rock star
De Road Salt One en 2010 à In The Passing Light of Day en 2017, le limouxin a été de tous les albums de Pain of Salvation qui sont sortis depuis, jusqu’à Panther, paru en août 2020, dont Daniel Gildenlöw a enregistré seul les voix et les instruments, mais lui a confié presque toutes les parties batterie. En Suède, mais aussi en Europe Centrale, en Amérique Latine et en Russie, où il s’est produit sur scène lors des tournées de Pain of Salvation, et dans le coeur de tous les fans de métal dans le monde, le batteur audois, désormais membre historique du groupe, est devenu une rock star.
Citation extraite d’une interview réalisée par le webzine Aux portes du métal.
Citation extraite d’une interview réalisée par le webzine Radio Metal.
Avec le groupe For All We Know du guitariste Ruud Jolie en 2011 ; avec le groupe de heavy metal Obsessions en 2011 et 2013 ; avec le groupe All Things Fallen en 2019 et 2020 ; avec le guitariste Vania Mek en 2021.